Comment le Congo recherche une prospérité qui laisse sa précieuse forêt tropicale intacte

© Bart Lasuy

 

Le Congo s’affiche comme “pays solution”, qui peut apporter des solutions au changement climatique. Mais s’il veut réussir dans cette mission, le pays devra également écouter les doléances de sa population. Des premiers pas utiles sont faits par l’ICAF et autres, mais le chemin est encore longue. 

Cet article a été traduit par Kompreno, avec le soutien de DeepLSource originale.

Les immenses forêts tropicales du bassin Congolais jouent un rôle important dans l’équilibre écologique de notre planète. Non seulement parce qu’elles éliminent le CO2 de l’air, mais aussi parce qu’elles constituent un énorme puits de carbone. Il est donc primordial de tout faire pour sauver ce poumon vert de la destruction.

Pas moins de 70% de la forêt centrafricaine se trouve en République démocratique du Congo (RDC). Pour lutter contre la déforestation dans le géant de l’Afrique centrale et encourager la reforestation, plusieurs programmes ont été mis en place.

Le plus important et le plus ambitieux d’entre eux est sans doute celui de l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (IFAC), un groupe de donateurs internationaux, dont la Norvège est le plus important. En 2015, ces derniers ont conclu un premier accord avec le gouvernement Congolais. Ils s’y engageaient à débloquer quelque 200 millions de dollars entre 2016 et 2021 pour arrêter la déforestation en RDC. 

Cet engagement a été assorti d’une politique à deux volets. D’une part, l’IFAC veut réformer le cadre politique Congolais en matière d’énergie, d’aménagement du territoire, d’agriculture et de planning familial pour réduire la déforestation. “Car si vous voulez que les projets sur le terrain soient couronnés de succès, il est important d’établir également un cadre politique approprié”, souligne Jules Katubadi, qui suit de près l’évolution de la situation à l’ambassade Norvègienne à Kinshasa.

D’autre part, une série de projets intégrés sont en cours de déploiement au niveau provincial : Projet Intégré “REDD”, (PIREDD). Le terme REDD désigne ainsi la “Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation”. Le REDD est un élément important de la convention de l’ONU sur le climat. En résumé, les PIREDD sont donc de vastes projets qui visent à réduire les émissions de CO2 dues à la déforestation de plusieurs manières, principalement en prévenant ou en réduisant la déforestation.

“La combinaison des réformes nationales et des projets provinciaux sur le terrain augmente la cohérence de l’approche”, estime Maître Augustin Mpoy, un avocat qui suit de près la politique dans ce domaine depuis des années. “Je constate que l’IFAC a réussi à contribuer à l’établissement de nouveaux cadres politiques. De plus, l’approche de l’initiative est de plus en plus soutenue par le gouvernement. Lorsque Félix Tshisekedi a pris ses fonctions de nouveau président, il ne connaissat même l’IFAC. En 2021, il a personnellement signé un nouvel accord avec l’IFAC lors du sommet sur le climat de Glasgow.”

De nouvelles lois

Le Congo veut se placer pleinement sur la carte comme un ”pays solution” — un pays qui apporte des solutions au changement climatique. Parmi les réalisations les plus importantes, Mpoy mentionne la nouvelle loi sur l’aménagement du territoire. “Auparavant, différents ministères attribuaient des utilisations doubles ou multiples pour la même zone. Cette pratique entraînait d’innombrables conflits fonciers. “

En outre, la nouvelle loi stipule que la population locale aura son mot à dire. Ses droits fondamentaux seront pris en compte, affirme maître Mpoy. “Si la population n’est pas d’accord avec un choix particulier et que l’État veut quand même aller de l’avant pour des raisons d’intérêt national, le gouvernement peut toujours exproprier. Mais c’est moins évident que par le passé.”

Pierre Guigon, qui suit depuis un certain temps l’évolution de la situation au Congo pour la Banque Mondiale, voit d’autres mesures politiques encourageantes. “Une nouvelle loi sur la politique foncière a été adoptée en 2021. Cela garantit une gestion durable des terres et clarifie les droits fonciers, ce qui peut limiter la conversion des forêts.”

Enfin, une politique agricole durable qui encourage la protection des forêts de qualité et l’agriculture durable dans les savanes est également en préparation, sait Guigon.

Il est naïf de s’attendre à ce que les nouvelles lois changent radicalement la réalité sur le terrain. Rien que cette année, le gouvernement a accordé des permis pour l’exploration pétrolière dans des zones protégées — ce qui est interdit par la loi. Cela soulève beaucoup de questions sur la crédibilité du Congo en tant que solution pays.

Néanmoins, les nouvelles lois créent e nouvelles opportunités. Le gouvernement peut être tenu responsable. Par exemple, lorsque le gouvernement Congolais a accordé un certain nombre de nouvelles concessions forestières qui allaient à l’encontre d’accords antérieurs, l’IFAC a arrêté son financement jusqu’à ce que le gouvernement revienne sur ses pas.

© Bart Lasuy

 

Structures intermédiaires

Pour gérer l’utilisation des fonds de ‘lFAC ou de la Banque mondiale, des structures intermédiaires ont été mises en place. Le Programme des investissements forestiers (PIF), qui relève du ministère de l’Environnement, se présente comme l’exécuteur des projets de la Banque mondiale. De son côté, le Fonds National REDD (FONAREDD en abrégé), mis en place par l’IFAC, est rattaché au Ministère des Finances.

Cependant, les ministères ne décident pas seuls de l’utilisation des fonds. Divers acteurs internationaux sont également impliqués. “Si le PIF ou le FONAREDD dépendaient directement du ministère, davantage de ressources seraient perdues. Les fonctionnaires sont si mal payés que la tentation d’écrémer une partie de l’argent est trop grande”, explique Yannick Lwamba, directeur adjoint du PIF.

Cela peut expliquer en partie pourquoi une grande partie des fonds de l’IFAC ou du PIF sont effectivement dépensés sur le terrain et donc visible sur place. Le fait que les politiciens Congolais n’aient pas un contrôle total sur la façon dont l’argent est dépensé est, bien sûr, le résultat d’un accord entre les donateurs et les politiciens Congolais. Un accord qui peut toujours être modifié.

Des projets ambitieux

En attendant, il y a des PIREDD dans neuf provinces Congolaises. Il s’agit en fait de projets ambitieux visant à inciter la population à gérer différemment leurs ressources naturelles, et notamment leurs forêts. Cela suppose un aménagement du territoire, des politiques agricoles et énergétiques plus durables, un appui au planning familial, etc.

Les PIREDD fonctionnent avec des budgets allant de 10 à 30 millions d’euros et durent de 3 à 5 ans. “C’est trop peu d’argent, et la durée est trop courte pour faire la différence”, a déclaré Victor Kabengele, coordinateur adjoint du FONAREDD.

PIREDD-Plateau, dans l’ouest de la province de Mai-Ndombe, était le tout premier projet entre 2016 et 2020. La Banque Mondiale y a injecté 14 millions de dollars ; le World Wildlife Fund (WWF) a remporté l’appel d’offres pour la mise en œuvre.

Le belge Hicham Daoudi a dirigé les travaux à l’époque. “Nous avons mis en place 214 comités locaux de développement dans autant de villages. 133 d’entre eux ont élaboré un plan de gestion de leurs ressources naturelles. Cela signifie que, dans un premier temps, nous avons cartographié la répartition du territoire entre savanes, forêts, pêcheries, terrains de chasse, etc.”

“Pour protéger les forêts, nous voulions que les agriculteurs adoptent un autre mode de vie, loin de l’agriculture nomade. Mais pour cela, les agriculteurs doivent gagner plus, par exemple en produisant pour le marché. C’est pourquoi nous avons réparé plus de 250 km de routes et construit 17 ponts.”

En août 2022, nous avons visité le PIREDD-Mai-Ndombe, dans l’ouest du Congo. Le projet couvre une superficie de 100 000 km2 (plus de trois fois la superficie de la Belgique) et a reçu un budget de 30 millions de dollars de l’ICAF. La phase I du projet a débuté en mai 2018 et s’est déroulée jusqu’à la fin de 2021. Au moment de notre visite, la deuxième phase était attendue.

Le chef de projet général du PIREDD-Mai-Ndombe, Philippe Collas, rapporte que le projet a lancé 480 comités locaux de développement (CLD’s). Ensemble, ils couvrent 37 000 km2. La critique de l’ONG Rainforest Alliance UK est que beaucoup de ces CLD’s ont une base de soutien modeste au sein de la population. Assurer que les comités de tous ces villages soient des structures vivantes est sans doute un grand défi.

“Une bonne relation entre les villageois ainsi que l’accessibilité d’un village sont des conditions préalables pour que nous puissions mettre en place un CLD”, nous dit John Mokuba, l’agronome qui a dirigé le PIREDD dans le territoire d’Inongo. “Quand il y a des conflits profonds, il est très difficile de mettre en place quoi que ce soit”.

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”Les plantations de charbon de bois”

Dans le territoire Kutu, composé à 40 % de savane, le projet a reboisé 2 000 hectares et planté 1 600 hectares de palmiers. Le reboisement prend la forme d’acacias à croissance rapide, avec du manioc planté entre les rangées d’arbres. Cette combinaison a depuis fait ses preuves, car les acacias apportent de l’azote au sol, ce qui favorise la croissance du manioc.

L’avantage de cette agriculture forestière est qu’elle fournit à la population une première récolte immédiate de manioc. Il n’y a généralement pas de deuxième récolte, car les arbres sont alors trop grands. Après sept ans, les acacias peuvent être coupés et transformés en charbon de bois. On obtient alors de nouvelles pousses d’acacia et le cercle peut recommencer.

De cette façon, des savanes en grande partie stériles sont utilisées pour produire du charbon de bois (et de la nourriture). Ainsi, une partie de la forêt peut être sauvegardée. “Cela fonctionne bien ici, à Kutu. Chacun a son propre morceau de plantation. Les gens en prennent donc mieux soin”, explique Jean-Claude Muwo, qui dirige le projet dans le territoire de Kutu. Il se réjouit également de la nouvelle presse à huile installée dans le village d’Isaka pour presser les noix de palme. “De nombreux agriculteurs possèdent un quart d’acre de palmiers. Cela leur rapporte 700 dollars par an en huile de palme. “

Le fait que les plantations ne restent pas en place devient évident lorsque nous nous rendons à Bopako. Le village faisait partie du plateau du PIREDD. Les cinq plantations d’acacias ont toutes été brûlées, y compris les ruches.

” Il n’y a pas d’entretien : pas de pare-feu, pas d’enlèvement des herbes sèches, etc. “, répond Muwo lorsque nous l’interrogeons sur les principales raisons de cette destruction. “De plus, il s’agissait de plantations collectives qui appartenaient à tout le monde et donc à personne. Cela rendait l’entretien difficile. “

Pour couronner le tout, le financement s’est arrêté en 2020, laissant le projet sans orientation pendant près de deux ans. “Il faut sept ans avant de pouvoir ‘récolter’ du charbon de bois. Un projet qui dure à peine quatre ans laisse les agriculteurs livrés à eux-mêmes. Ce n’est pas une bonne approche”, a déclaré Muwo.

Franz, qui supervisait le projet à Bopako à l’époque, estime que les cinq plantations ont nécessité un investissement total de 20 000 euros. Ce montant est donc littéralement parti en fumée.

Au Congo-Central, anciennement Bas-Congo, nous rendons visite à des petits exploitants qui ont réussi à lancer des plantations d’acacia et de manioc. “Pour l’agriculture forestière à petite échelle, nous avions envisagé 5 000 hectares au Kongo-Central. En fin de compte, ce sont 7600 hectares qui ont été plantés”, explique Yannick Lwamba du PIF.

La raison en est que la proximité de la capitale congolaise Kinshasa entraîne un prix élevé du charbon de bois. Tellement élevé que les agriculteurs du village de Buense, grâce notamment aux conseils de l’ONG locale CEDEF, ont formé une coopérative qui a utilisé les recettes combinées pour acheter, entre autres, un moulin à manioc et un camion.

Le charbon de bois restera sans aucun doute une source d’énergie très importante au Congo. Par conséquent, la poursuite de l’expansion des plantations d’acacia et de manioc peut réduire efficacement la pression des grands centres de population sur les forêts. C’est une autre raison pour laquelle la Banque mondiale prépare des projets visant à approvisionner les grands centres de population du Congo en charbon de bois plus durable.

Philippe Collas est convaincu que l’on peut faire la différence, surtout dans les savanes. “Là, on peut créer de la masse, je l’ai vu à Madagascar. Dans la forêt, c’est beaucoup plus difficile”, affirme-t-il. C’est pourquoi, dans les zones plus boisées, d’autres voies sont explorées.

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Des projets à long terme

Au nord du lac sombre de Mai-Ndombe (littéralement “eau noire”), nous visitons le village d’Isanga, dans le territoire d’Inongo. Là, on tente d’enrichir les zones aujourd’hui déboisées pour l’agriculture avec des cultures complémentaires, comme le cacao et des variétés améliorées de palmier et de manioc.

“Le berceau de la production congolaise de cacao et d’huile de palme se trouvait à Mai-Ndombe ; la région s’y prête parfaitement”, explique l’agronome John Mokuba, qui dirige le PIREDD-Mai-Ndombe à Inongo. “En aidant les agriculteurs à démarrer et à étendre les cultures, nous espérons augmenter le rendement des champs existants. De cette manière, nous voulons aussi réduire la nécessité de couper de nouvelles forêts.”

À Isanga, nous passons devant la plantation de cacao de Bolaseke Zeno, le président du comité de développement local. Les cacaoyers sont ombragés par de grands arbres et, comme les bananiers, semblent prospérer dans cette ombre agréable. Les 10 hectares de cacao plantés dans le village, avec un maximum d’un demi-acre par agriculteur, pourraient rapporter 15 000 dollars dès l’année prochaine. C’est beaucoup ici, au fin fond de l’intérieur.

Les palmiers, qui se combinent bien avec un couvert végétal partiel, donneront un rendement encore plus élevé. Une nouvelle variété de manioc est également associée. “Beaucoup de villageois ont d’abord hésité. La plantation demande beaucoup de travail et ne rapporte pas d’argent immédiatement. Il faut deux à trois ans”, explique Zeno.

Le projet accroît cette motivation en indemnisant également les personnes qui mettent en place les petites plantations de cacao et d’huile de palme. Les paiements pour services écologiques (PSE) — paiements pour services écologiques, pour ainsi dire — sont le lubrifiant des PIREDD. Ils apportent le complément de revenu le plus rapide à la population. “Ces paiements m’ont permis de rembourser mes dettes de mariage”, témoigne un participant au projet.

Lorsque nous faisons une pause dans le petit centre, les troupes du village se rassemblent pour nous parler. La méfiance initiale s’est estompée. Beaucoup d’autres personnes aimeraient maintenant participer et espèrent être prises en considération pour la deuxième phase du projet.

Il n’y a pas de véritable interdiction de défricher la forêt à Isanga, souligne Mokuba : “L’espoir est que les gens migrent moins vers la forêt parce qu’ils passent beaucoup plus de temps sur leur plantation.” Les choses se sont donc concrétisées. Dans le même temps, cela reste un grand pas pour beaucoup de gens de s’écarter du schéma habituel et de mettre autant de travail pour développer une plantation de cacao.

“Il s’agit d’interventions dans de petites zones très dispersées sur l’immense territoire”, soupire Collas. “Parfois, je me dis que dans les zones forestières, nous ferions mieux de demander aux gens de déménager”. René Ngongo, un ancien du mouvement vert au Congo, reconnaît le problème. Mais il souligne qu‘ “il faut simplement du temps pour changer les habitudes humaines. Les projets doivent fonctionner sur le long terme”.

Lorsque l’on jette un coup d’œil au résumé des 14,5 millions de dollars de dépenses de la phase I du projet, quelque chose nous frappe. Pas même la moitié des 4 millions d’ESP prévus au budget a été réalisée. Par contre, pour le fonctionnement et les agences du projet lui-même, les montants budgétisés ont été largement dépassés (2,5 millions au lieu de 1,6 million). Cela donne l’impression que les personnes chargées de mettre en œuvre le projet ne se sont pas négligées.

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Protéger un morceau de forêt

Via le lac Mai-Ndombe et un réseau de rivières, nous naviguons vers le territoire Kiri. Plus de 60% de celui-ci est encore une forêt. Ici aussi, on s’efforce d’offrir aux agriculteurs des revenus complémentaires : cacaoyers, palmiers, apiculture et séchage du poisson. De cette manière, ils espèrent réduire la nécessité de couper la forêt.

Le chef de projet pour Kiri, Macsance Moyiba, explique que les habitants des villages forestiers reçoivent une compensation s’ils protègent une partie de la forêt. “Dans ces forêts, ils ne sont pas autorisés à couper ou à pratiquer la chasse ou la pêche commerciale. En contrepartie, nous leur versons 2,5 dollars par hectare de forêt protégée. Dans le village de Molele, ils ont choisi de protéger 500 hectares. Cela leur rapporte 1 250 dollars. C’est beaucoup d’argent, si loin dans la forêt”.

Le lendemain, nous mettons le cap sur Molele. La route n’est praticable que pour les vélos et les cyclomoteurs — partout, il y a de la forêt. Malgré la saison sèche, il a déjà beaucoup plu ici. Lorsque nous arrivons à Molele, de nombreux hommes du village nous attendent. Il s’avérera plus tard qu’ils ont été payés pour cela.

À Molele aussi, après la méfiance initiale, les habitants participent avec enthousiasme à la plantation de champs de cacao et de palmiers. Ils gagnent de l’argent avec le travail lui-même, et plus tard avec la récolte. Comme à Isanga, de plus en plus de personnes veulent participer à la deuxième phase.

Pourtant, l’un des cultivateurs note qu’il n’a vu personne du projet depuis des mois. “Je m’y connais peu en palmiers et j’ai besoin de leur expertise pour savoir s’ils se portent bien”, dit-il. La raison en est que la première phase du projet est terminée. Les gens attendent l’argent pour la deuxième phase.

Cela montre que les projets à court terme sont inutiles ici : il faut du temps pour que les gens adhèrent à votre histoire. Ceux qui pensent pouvoir réaliser beaucoup de choses en trois ans feraient mieux de ne pas commencer.

Nzongelo Botio, le président du comité de développement local, raconte comment les forêts protégées ont permis de récolter 1 250 dollars. Cette somme a été utilisée pour donner à l’école locale un certain décorum, notamment par l’achat de tableaux.

L’attrait du projet est évident lorsque nous visitons la communauté des pygmées. Tsomia Mputu raconte comment l’argent gagné dans la pépinière lui a permis de payer la dot de sa femme et d’acheter un vélo. “Alors que je me tiens ici maintenant, dans mon état actuel, je remercie le PIREDD”, dit-il.

Quelques instants plus tard, l’atmosphère s’échauffe, symptôme des tensions profondes entre bantous et pygmées. Le projet fait l’objet de vives critiques. Il favoriserait les bantous. Les peuples autochtones - souvent décrits dans le langage du projet comme “p.a.” — ou peuples autochtones, devraient être autorisés à fournir moins de services écologiques et à établir moins de plantations.

Nzongelo Botio, le président du comité de développement, affirme qu’au départ, les membres de la communauté autochtone étaient plus nombreux à participer. Mais lorsque ceux-ci n’ont pas arrosé régulièrement les jeunes plants, ils ont été remplacés par des bantous.

En moto, nous nous enfonçons de dix kilomètres dans la forêt. Puis c’est une autre randonnée de deux heures jusqu’à la forêt protégée. Nous suivons nos guides, qui marchent pieds nus ou avec des pantoufles en plastique, tout en douceur dans la forêt. Le photographe et moi essayons de suivre en soupirant et en transpirant. Soudain, nous apercevons des poteaux tombés au sol avec une légère couleur rouge. Ils indiquent que nous avons atteint la zone protégée. Sur certains grands arbres, une couleur rouge a déjà été appliquée, mais elle aussi s’est déjà effacée.

Une chose doit être claire : le projet sait comment unir les gens pour arrêter la déforestation des forêts. Seule la mise en œuvre pratique pourrait être améliorée. Peut-être serait-il également judicieux d’impliquer les forestiers dans la surveillance de la forêt. Mais cela implique d’investir davantage.

© Bart Lasuy

 

La voie du développement écologique

Néanmoins, c’est payant. Car le PIREDD-Mai-Ndombe contribue à prévenir les émissions de carbone et à stocker le CO2. La quantité exacte est calculée au niveau du projet, explique Assani Ongala, coordinateur national REDD du Congo.

“Sur la base de nos recherches, refaites par l’Université du Maryland, nous sommes arrivés à un stock de CO2 de 32 millions de tonnes”. Pour l’année 2019-2020, selon nos calculs, 6 millions de tonnes de CO2 ont été ajoutées. Un expert indépendant doit encore confirmer nos résultats.”

En fonction du succès du projet, il pourrait y avoir beaucoup (ou peu) d’autres tonnes à venir. La Banque mondiale s’est déjà engagée à acheter 11 millions de tonnes. “Contractuellement, deux dollars par tonne ont d’abord été convenus, mais comme les prix du marché ont augmenté, la Banque mondiale a porté son prix à 5 dollars par tonne.”

Cette somme s’élèverait alors à 55 millions de dollars au total. Le reste des crédits carbone peut ensuite être vendu sur le marché libre.

“Le prix qu’ils atteignent là-bas est incertain. La grande concession privée de World Wildlife Carbon, qui représente 3 000 km2, a déjà réussi à obtenir 17 dollars par tonne sur ce marché libre”, a déclaré M. Ongala. “Elle pourrait donc rapporter des sommes considérables”.

En attendant, le partage des retours financiers a déjà été négocié. Une part de 4 % n’est pas basée sur les performances et sera de toute façon versée aux communautés autochtones et locales pour leur mérite historique dans la conservation de la forêt. 17,5 % vont au seul grand projet privé : La concession de conservation de 3 000 km2 de World Wildlife Carbon, qui travaille avec les communautés locales pour éviter les émissions de carbone.

Les 78,5 % restants serviront à soutenir davantage les PIREDD et à atteindre une voie de développement écologique. L’argent sera à nouveau dépensé par le biais d’une structure de gestion complexe au niveau du comté. On ne sait pas encore si et comment cela fonctionnera. Il s’agit d’une tâche difficile, mais cruciale, que d’acheminer efficacement les fonds sur le terrain et de les distribuer de manière à obtenir le soutien de la population.

Cet article a été traduit par Kompreno, avec le soutien de DeepLSource originale.

​​Cet article a été réalisé avec le soutien du Fonds Pascal Decroos pour le journalisme spécial.

John Vandaele rend compte des aspects sociaux, environnementaux, économiques et de gouvernance de la mondialisation.

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